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Paléographie 1: les outils du scribe.

Dernière mise à jour : 2 déc. 2023

Il est vrai quand on parle de paléographie, que l'on imagine se plonger directement dans le texte pour tenter de le transcrire, enfin le déchiffrer serait le bon mot quand on n'a pas l'œil du spécialiste. Mais une première observation et étude du support en lui-même et de l'écriture vous en apprennent déjà énormément.

Je suis des ateliers culturels aux archives départementales avec une partie paléographie médiévale, et une partie paléographie moderne. Mon œil de novice en apprend à chaque fois, je m'accroche mais il est vrai que c'est difficile.

Avec les quelques repères dont nous allons parler ici, j'espère vous donner l'envie d'en savoir plus sur l'étude des écritures anciennes.


Les supports d'écriture pour comprendre la paléographie

Depuis l'Antiquité, une multitude de support se sont succédés et ont été utilisés simultanément jusqu'à nos jours. Le paléographe se doit d'examiner ce support avant de le transcrire, pour lui permettre une estimation de datation et l'importance de l'acte.

Nous avons trouvé des écrits sur de la poterie, de la pierre, du bambou, de l'ardoise, de l'écorce, de l'argile et terre cuite, des tablettes de cire, du papyrus, du parchemin et du papier.

Nous sommes passés de matières premières à matières fabriquées au fil des ans, et nous allons nous intéresser ici aux trois plus importantes que sont le papyrus, le parchemin et le papier.


Le papyrus

Sa date de production serait estimée à quatre siècle av. J-C en Egypte et utilisé dans le bassin méditerranéen depuis l'Antiquité.

Sa fabrication consiste à découper en bandes des tiges de papyrus, afin de les déposer en deux couches perpendiculaires l'un à l'autre et d'y exercer une pression qui crée l'adhérence.


Loin des contrées égyptiennes, nous avons très peu de documents sur papyrus en France, mais il faut pouvoir le reconnaître tout de même.

Observez bien les fibres croisées que l'on voit nettement en haut de l'image.















Le parchemin

On a vu apparaître les premiers parchemins vers 1400 av. J-C également en Egypte. D'autres diront que sa première apparition daterait de deux siècles avant notre ère, avec le roi de Pergame Pline l'Ancien. Son nom serait tirer du nom de la ville, Pergamon.

Sa fabrication est issue de peaux animales comme le mouton, la chèvre, le veau et le vélin (peau de veau mort-né au départ, puis regroupant sous ce terme la peau de jeunes animaux quelque soit l'espèce, plus fine, ayant le grain peu marqué).

On effectue un travail dit de rivière, à partir des peaux brutes lavées, en les trempant dans un bain de chaux afin de faciliter l'enlèvement des poils. Il faut ensuite débarrasser la peau de l'épiderme et des poils qui la recouvrent pour ne conserver que le derme.

La peau est ensuite montée sur un cadre pour sécher, après avoir été épilée, étirée et séchée avec l'aide de pierre ponce, de craie ou de chaux qui ont aussi un effet de dégraissage.

Ce long travail de production explique que ce soit un support onéreux, qui expliquerait pour certains l'utilisation des abréviations dans les textes, en gagnant de la place sur la surface d'écriture.



Le reconnaître est assez simple par son aspect organique qui est celui du cuir.

Il présente une différence de couleur et de texture selon les faces. Le côté poil appelé aussi le côté fleur, où vous pourrez retrouver des points plus sombres où étaient les poils, et le côté chair, lisse, là où on écrivait.

Il était cependant possible de rendre les deux faces identiques grâce à un ponçage minutieux ou un ajout de craie sur la surface.






Le papier

Apparu dès le 1er siècle après J-C, en Chine, il n'a cessé d'évoluer jusqu'à nos jours de par ses composants, mais aussi par ses techniques de fabrication.

Ce serait un eunuque de l'empereur chinois qui aurait eu l'idée d'utiliser de l'écorce (de mûriers, bambou), du chanvre, des chiffons et des filets de pêche pour fabriquer du papier. Il connaît dès lors une expansion fulgurante pour arriver en Europe par l'Espagne, et gagner la France entre le XIVème et XVème siècle.


Merveilleuse invention d'un grand usage dans la vie, qui fixe la mémoire des faits et immortalise les hommes. Cependant le « papier », admirable par son utilité, est le simple produit d'une substance végétale, inutile d'ailleurs, pourrie par l'art, broyée, réduite en pâte dans de l'eau, ensuite moulée en feuilles quarrées de différentes grandeurs, minces, flexibles, collées, séchées, mises à la presse et servant dans cet état à écrire les pensées et à les faire passer à la postérité.

Diderot et d'Alembert, Encyclopédie (article 1757)



"Le papier chiffon est aisément repérable car sa fabrication laisse de nombreuses empruntes sur le papier final. Les châssis de bois avec treillis qui récupèrent la pâte à papier forment des traits horizontaux (appelés vergeures) et verticaux (les pontuseaux). Les différents producteurs de papiers apposaient souvent un filigrane sur le papier. Produit de manière plus artisanale que le papier à bois, les bords du papier chiffon sont souvent plus irréguliers (bien qu’il puisse être recoupé)." (Source: Scribe Ad64)


Différentes techniques ont été inventées pour répondre à la demande croissante de papier, qui n'est plus exclusivement réservée à l'élite.

Le papier à pâte chimique apparaît vers 1850 en dissolvant la lignine du bois à l'aide de réactifs chimiques afin de récupérer les fibres essentiellement constituées de cellulose.

Le papier à pâte mécanique fait son apparition vers 1867, et est obtenue par frottement de rondins de bois sur une meule en présence d'eau ou par défibrage des copeaux entre deux disques broyeurs d'un raffineur.

Vers 1874, le papier issu du procédé au bisulfite (acide), qui est un composé chimique. Vers 1878 mais utilisé à partir de 1930, le papier issu du procédé au sulfate (alcalin).

Et depuis 1994, le papier que l'on connaît aujourd'hui, issu du procédé alcalin au sulfate et qui répond à la norme internationale ISO 9706.


Les outils d'écriture


Les différents outils d'écriture que l'on retrouve, crées à travers le monde, vont façonner les écritures.

La plume creuse de roseau, appelé aussi calame, peut être utilisée avec de l'encre sur du papyrus ou du parchemin, à sec pour graver des support d'argile.

Par ordre d'apparition, nous avons le calame au Moyen-Orient.

"La façon de tailler le roseau déterminait la forme des signes. Taillé en biseau, le calame laissait des traces triangulaires dans l’argile qui, durcie au soleil ou cuite au four, préservait les caractères. Le bout arrondi du calame servait à imprimer les chiffres à l’époque archaïque.

Les Grecs introduisirent en Égypte les calames de roseau taillés en biseau, dont la pointe fendue retenait l’encre." (Source: BNF)

Ensuite, le stylet en métal chez les Romains pour marquer les tablettes de cire.

Le pinceau en poils de chameau, fût inventé par le savant chinois Meng Tian en l’an 250 avant J.-C. qui permit d’écrire sur le tissu (soie). Les calligraphes chinois utilisèrent dès lors de fins pinceaux de poils reliés par un fil de soie, rangés dans un tube de bambou évidé.

La plume d'oie principalement, parce que l'on retrouve aussi celles du corbeau, fût utilisée dès le IVème siècle, et a besoin d'être taillée pour être trempée régulièrement dans l'encre.

La plume métallique qui apparaît dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, mais son usage ne devient officiel qu'au milieu du XVIIIe siècle, en Angleterre, et se généralisa, en Europe, au XIXe siècle.

Enfin, le stylo. Celui à plume fût inventé par Waterman en 1884 avec sa cartouche d'encre. Et le stylo à bille inventé en 1949 et commercialisé par la baron Bich dès 1953.


L'encre

Dès l'Antiquité, on connaît plusieurs sortes d'encres provenant de différentes sources, végétales, minérales et animales.

On distingue pour la période médiévale les encres au carbone ayant comme base le noir de fumée, qui est un résidu carboné obtenu par la combustion incomplète de diverses matières organiques riches en carbone, et de gomme végétale, et les encres métallo-galliques issues de la noix de galle, cette excroissance produite sur le chêne, par la piqûre de certains insectes comme le cynips, à laquelle on ajoute un sel métallique, le sulfate de cuivre ou de fer. Ce sulfate réagit aux substances actives de l’extrait végétal et produit un précipité noir dont on augmente la viscosité en ajoutant un liant, généralement de la gomme arabique. Ces dernières sont souvent corrosives pour le support.

D'autres sont issues de la sépia qui est un liquide sécrété par certains céphalopodes tels que les seiches et les calmars dans un organe appelé poche du noir.

La couleur brun foncé domine en Europe depuis le VIIème siècle. L'encre rouge brique est extraite du minium, oxyde de plomb de couleur rouge . Le rouge vermillon issu du sulfure de mercure, le cinabre. On l'utilisait pour mettre en relief certains éléments du texte comme les titres.



Voici donc les premiers éléments vous permettant de faire connaissance avec votre support, et en tirer le maximum de renseignements.

Prochainement, on parlera des types d'écriture.


D'ici là, bonnes recherches!



Souces:

• BNF et ses classes

• BNF, Le papier occidental.

• Open Edition, Usages des supports d’écriture au XVIIIème siècle : une esquisse codicologique.

• Boowiki, encyclopédie libre.

• Le papetier de France, La petite histoire des encres.

• Scribe, manuel de paléographie.







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