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Quelle est l'origine des noms de famille?

  • Photo du rédacteur: Malau
    Malau
  • 1 déc. 2022
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 févr. 2024


Pages blanches illustrant des noms de familles
Extrait des pages blanches

Quand j'étais gamine, on adorait prendre le bottin pour y regarder les noms de famille, et rigoler en y voyant des noms bizarres ou imprononçables. On ne se posait pas la question de savoir pourquoi les gens s'appelait comme ci ou comme ça.

Mais aujourd'hui, c'est bien différent. Plus je passe de temps à faire des recherches généalogiques, plus je m'interroge sur les raisons d'existence de certains patronymes.

L'onomastique est la science qui se donne pour objet l’étude des noms propres. Elle comprend un certain nombre de disciplines dont les principales sont la toponymie (étude des noms de lieu), l’anthroponymie (étude des noms de personne), l’hydronymie (étude des noms de cours et étendue d’eau), l’oronymie (étude des noms du relief) et l’odonymie (étude des noms des voies de communication). (Source: Archives nationales, SIV, Étudier un nom de lieu ou de personne : les collections du Centre d'onomastique).

C'est pour cette raison, que je commence ici, maintenant, mon enquête sur la création des noms de famille!



Du temps des Gaulois, il n'y avait qu'un nom, ou plutôt un prénom ou même surnom, devrais-je dire, et celui-ci ne se transmettait pas de père en fils. Avec l'expansion de l'empire romain, les usages sont passés à trois noms, plus précisément un prénom, un nom de famille et une sorte de nom de clan.

Au IIème siècle, avec le christianisme et les baptêmes, ainsi qu'avec les invasions germaniques, on revient au prénom unique. "Les baptisés quittent symboliquement leur famille naturelle en abandonnant leur nom pour rejoindre leur nouvelle famille spirituelle et en choisissant un nom nouveau, latin ou germanique, païen ou chrétien, peu importe" (Albert Dauzat, Traité d'anthroponymie française. Les noms de famille de France, Payot, 1945, p. 31). Cela va durer un bon millénaire.



Le tournant décisif du XIIème siècle


Certains disent que c'est par l'augmentation de la population, et d'autres par la nécessité de mieux collecter les impôts que le patronyme apparait.

Devenues très chrétiennes, les familles donnaient des noms chrétiens aux enfants. Avec l'augmentation de la population, de plus en plus d'individus portaient le même nom, il est donc devenu nécessaire de le diversifier en y rajoutant un surnom.

Ces surnoms existaient déjà dans la vie courante, et se sont juste officialisés, et deviennent alors héréditaires.


On a pu recenser quatre grandes origines de ces surnoms.

Les surnoms provenant des prénoms des parents. Jean, fils de Martin devient Jean Martin. Le petit souci avec cette façon de faire, va être un nombre important d'homonymes puisque la plupart des parents étant pour la plupart analphabètes, ceux-ci ne vont choisir que dans les quelques prénoms qu'ils connaissent ou qu'ils vont entendre à l'église ou autour d'eux. On va donc pouvoir trouver une tripoté de Jean Martin, nés dans le même village, la même année. Un pur bonheur pour le généalogiste.

D'après Généanet, plus de 40% des noms de familles français sont issus de prénoms. S'il est masculin, on l'appellera patronyme, s'il est féminin, on l'appellera matronyme.


Les surnoms provenant du métier exercé par la personne et représentent environ 18% de français. Jean le meunier devient Jean Meunier. Assez pratique quand il n'y a qu'un seul meunier dans le village. On retrouvera donc des patronymes de Forgeron, Boulanger, Couturier, etc. et leurs dérivés.

On distingue cette attribution dans toute l'Europe, avec les traductions de ces métiers.


Charcuterie R.Boudin pour illustrer les noms de famille liés à son emploi
Charcuterie R.Boudin

Je ne peux pas résister à vous parler des aptonymes, ces noms qui sont liés au métier exercé par les personnes qui le portent.

Véridique: Michel Litout, critique littéraire et journaliste.

Les docteurs Bobo et Lemort qui vous soigneront, avec l'aide de l'infirmière Piquemal.


(Source: CENTRE CANADIEN DES APTONYMES)


Les surnoms provenant d'un sobriquet décrivant la personne, liés à une particularité physique, morale ou comportementale, représentent 16% des noms français.

Pour cette raison, on retrouve des Leblond, Legrand, Petit, Lesage...


Les surnoms provenant de termes géographiques ou topographiques représentent environ 30% des patronymes français. Prenons par exemple Jean qui habite près du pont, il devient Jean Dupont.

On donne généralement comme surnom le lieu où il habite ou le lieu dont il est originaire. pour cette raison, on retrouve quelques Lebreton, Percheron ou encore Poitevin.


Pour les enfants abandonnés, on a remarqué que leur patronyme correspondait souvent au nom du saint du jour de leur découverte. Mais beaucoup avaient le nom Martin, qui est le saint associé à la charité (Jean-Pierre Delville, Marylène Laffineur-Crépin, Albert Lemeunier, Martin de Tours : du légionnaire au saint évêque, Édition ASBL Basilique Saint-Martin, 1994, p. 65), ce qui explique pourquoi Martin est le nom de famille le plus répandu en France. Il pouvait également correspondre au lieu où l'enfant a été trouvé comme les Delaporte.

"Les assemblées révolutionnaires abandonnent la « tendance ancienne en terre christianisée de désigner les enfants abandonnés sous des appellations qui renvoient à leur origine coupable et illégitime ». Le décret libéral du 29 floréal an II (18 mai 1794) fait ainsi disparaître du calendrier les noms des saints au profit de vocables républicains : « des noms de grands hommes de l'Antiquité, mais aussi des noms abstraits, des noms de vertus, des noms de fleurs, d'arbres, de légumes, de minéraux, d'outils ou d'animaux".(Source: Wikipédia, les noms de famille en France)



Du XVème siècle à nos jours


C'est à partir du XVème siècle, que les autorités royales ont commencé à s'intéresser aux patronymes, et plus précisément en 1474 avec Louis XI qui interdit dorénavant de changer de nom sans son autorisation.

Un peu plus tard, l'ordonnance de Villers-Cotterêt promulguée par François Ier en 1539 rend obligatoire la tenue de registres d'état civil par les paroisses et curés, ce qui va figer le nom de famille dans les écrits.

Avec la révolution française, ces registres seront désormais tenues par les mairies.

La loi du 6 fructidor de l'an II (23 août 1794) interdit de porter d'autre nom et prénoms que ceux inscrits à l'état-civil.

Et enfin, en 1870, l'apparition du livret de famille fige définitivement l'orthographe de tous les patronymes. En théorie, car vous l'aurez bien remarqué au travers de vos recherches, en tout cas, c'est mon cas, l'orthographe change encore après 1870, pas qu'au niveau de l'orthographe ou de la phonétique, mais perd une partie. Dans une branche bretonne, j'ai un Guévello né au début du siècle, dont le père était un Leguévello. Ça aussi, ce n'est que du bonheur pour un généalogiste...

La législation française ne portera un intérêt sur le patronyme qu'à partir de 2002, où quelques lois et ordonnances vont être promulguées pour la dévolution du nom (lorsque la filiation d'un enfant est établie à l'égard de ses deux parents au plus tard le jour de la déclaration de sa naissance ou par la suite mais simultanément, ces derniers choisissent le nom de famille qui lui est dévolu : soit le nom du père, soit le nom de la mère, soit leurs deux noms accolés dans l'ordre) (Source: Légifrance)


Depuis le 1er juillet 2022, il est possible de changer son nom de famille par simple déclaration à l'état civil.


Une personne majeure pourra choisir de porter le nom de sa mère, de son père ou les deux. Cette procédure, introduite dans le Code civil par la loi du 2 mars 2022 relative au choix du nom issu de la filiation, sera possible une fois dans sa vie.

Un parent pourra aussi ajouter son nom, à titre d'usage, à celui de son enfant, en informant l'autre parent. Si l'enfant a plus de 13 ans, son accord sera nécessaire.

Hormis ces nouvelles dispositions, la procédure de changement de nom (adoption d'un autre nom que celui des parents, francisation du nom de famille, etc.) reste identique et doit passer par un agrément du ministère de la Justice, qui peut le refuser s'il estime que les raisons invoquées sont insuffisantes, et par une publication légale si la demande est acceptée. (Source: Ministère de la justice)



Bonus sur les noms de famille


La particule et la préposition "de". (Article tiré du site Géopatronyme.com)

Le cas des noms précédés de la particule "de" est particulier dans l'onomastique française. En effet, la particule "de" est réputée caractériser un nom de famille noble.


Lors du processus de formation des surnoms, beaucoup étaient des noms de lieux précédés de la préposition "de". Ce cas de figure se rencontrait à la fois chez les nobles et à la fois chez les roturiers. Certains aristocrates se passaient même de la particule. Elle était pourtant de rigueur lorsqu'un nom de terre était joint aux appellations "seigneur" et "monsieur". C'est ce qui fit naître la croyance que la particule "de" caractérisait l'appartenance à la noblesse.

Par la suite, les personnes nouvellement anoblies cherchèrent à s'intégrer à leur nouveau milieu en rajoutant la particule à leur nom, même si celui-ci n'avait rien à voir avec un nom de fief.

Enfin, certains porteur de noms de lieux, commençant par la préposition "de", les modifièrent. Cherchant à asseoir leur réussite sociale, ils transformèrent la simple préposition en particule, sans pour autant faire partie de la noblesse.



Bonus 2:


Je me suis amusée à chercher l'origine de mon nom de famille Tardieux. J'avais déjà une petite idée de sa signification puisqu'un jour j'avais entendu à la radio le célèbre généalogiste Jean-Louis Beaucarnot, en faire une partie de sa chronique. Ce qui me reste en mémoire, c'était que sa décomposition en "tare de dieu", voulait dire qu'un de mes ancêtres était plutôt dans ce cas, fainéant. Mais selon wikipédia, "une tare est une défectuosité physique ou psychique, généralement héréditaire, chez l'être humain ou l'animal. Chez l'homme, ce terme est connoté très négativement et d'usage désuet. Il est lié à la théorie de la dégénérescence en cours au XIXᵉ siècle."

Généanet permet de faire la recherche étymologique de son nom, vous trouverez cela dans les onglets ressources et origines des noms de famille. Voici ce que j'ai obtenu: "Tardieu : Le nom est surtout porté dans la Drôme et les Bouches-du-Rhône.

Variante : Tardieux (24, 87). Il correspond à l'occitan "tardiu" (= tardif, latin "tardivus"). C'est apparemment le surnom d'un homme lent. Cependant, vu la fréquence du nom et de ses diminutifs (cf. Tardivel), il ne serait pas étonnant qu'il ait été utilisé comme nom de baptême au Moyen Âge. On en au moins un exemple à Limoux en 1190 avec le nom Tardivus (cf. Hélène Débax, la Féodalité languedocienne, p. 174), et d'autres exemples en Italie avec les formes Tardius et Tardivus (cf. le site cognomiitaliani.org).

Variante catalane : Tardiu.



Alors, êtes-vous maintenant tenter de connaître la signification de votre nom de famille, ou la connaissez-vous déjà?

N'hésitez pas à mettre en commentaire les noms que vous avez trouvé dans votre arbre!


Bonnes recherches!

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